Eva de Kerlan : « En moins de 3 semaines, j’avais fini le bouquin ! »

Eva de Kerlan : « En moins de 3 semaines, j’avais fini le bouquin ! »

30 avril 2024 0 Par Solène W.

Ancienne archéologue passée par le monde de l’édition en tant que maquettiste, Eva de Kerlan a désormais plus d’une trentaine de titres à son actif. La jeune autrice prolifique nous parle de fantasy et du premier tome de La Citadelle des brumes, « Le gardien des brumes », publié le 19 mai 2023 chez Alter Real et aussi un peu d’elle-même à travers son oeuvre. 

Anaïs Delatour : Depuis votre premier livre en 2010, vous n’avez pas arrêté ! Comment faites-vous pour tenir le rythme ?

Eva de Kerlan : C’est vrai ! J’ai aujourd’hui une trentaine de titres à mon actif et j’ai encore beaucoup de manuscrits qui ne sont pas publiés, qui vont l’être ou qui ne le seront jamais parce qu’ils ne sont pas assez bons à mes yeux. Je ne mets jamais très longtemps à écrire un livre. J’ai une écriture très visuelle, presque comme s’il suffisait que j’ouvre une fenêtre et que tout un univers se trouve derrière et que mon rôle ne consiste plus qu’à écrire ce que je vois.

Pourquoi le fantastique ?

Le fantastique, c’est la liberté ! C’est la liberté d’écrire tout ce qu’on veut. On peut mettre de la magie, créer des mondes, inventer des paysages. On n’a pas forcément autant de liberté dans d’autres genres. J’ai aussi écrit un roman jeunesse et dans ce cas, il faut écrire des choses assez simples. On peut bien sûr aborder des sujets complexes mais il faut les rendre accessibles. Mais surtout, j’ai beaucoup écrit de romances et je me sens tout de suite plus limitée dans ce genre. J’ai le carcan du monde contemporain qui me limite à certaines situations et à certaines circonstances.

Vous dites en préface : « A tous ceux et celles qui ont un jour rêvé de voir au-delà des apparences ». Pensez-vous que les auteur.e.s fantastique sont de grands rêveur.se.s et par extension ont gardé leur âme d’enfant ?

Je pense que oui. Maintenant, je ne sais pas si c’est une généralité. Je pense qu’on peut écrire un roman fantastique en étant très terre à terre. Ce genre a des codes donc il peut pourquoi pas être écrit de manière très mathématique. Ou alors, il peut être complètement aléatoire, très imaginaire et créatif. On peut créer des paysages juste parce qu’on a envie de rêver de quelque chose qui n’existe pas. Les deux sont possibles. Personnellement, je ne suis pas du tout mathématique. J’ai vraiment imaginé quelque chose que j’aurais aimé croiser mais que je n’ai jamais vu.

Ce monde que vous avez inventé, « Erenne », et que vous avez même cartographié, comment est-il né ?

Il est venu à la suite d’une discussion avec une amie il y a 2-3 ans. On parlait de romanthésie au moment où elle commençait à se développer autour d’héroïnes badass, du genre la princesse fée qui veut sauver son univers et qui rencontre le fils du vilain méchant dont elle va tomber amoureuse. Et on se disait que c’était un peu dommage de restreindre un mélange de fantasy et de romance à un personnage féminin et à des stéréotypes de fées et de mondes magiques. A partir de ce constat, mon amie m’a mis au défi d’écrire quelque chose d’un peu nouveau. En moins de 3 semaines, j’avais fini le bouquin !

Quelles sont vos oeuvres de référence en matière de fantasy ? J’ai naturellement pensé à Merlin l’Enchanteur, ou encore à l’oeuvre fondatrice du genre Le Seigneur des Anneaux pour des raisons assez évidentes.

Je suis une grande fan de légendes et de mythes donc je me suis naturellement inspirée des légendes arthuriennes. Je trouve qu’elles ont beaucoup de force dans ce qu’elles véhiculent. Elles racontent un monde charnière entre la fin de la période païenne et le début de la période chrétienne, entre la fin d’une période archaïque et le début d’une civilisation plus structurée et ordonnée. Je suis bien dans cette période là, elle correspondait bien à l’univers dans lequel j’avais envie de placer mes héros avec des enjeux autour du fait de survivre et de préserver des choses qui risquaient d’être détruites.

Et Le Seigneur des Anneaux ?

Oui aussi. J’ai beaucoup de mal à lire Tolkien parce que c’est une lecture très académique et qui a beaucoup de digressions. Si je l’avais lu il y a 70 ans, je pense qu’il y aurait eu aucun problème mais nous ne sommes plus trop habitués et éduqués à lire des livres aussi denses. Mais évidemment, j’aime beaucoup son type d’univers. Ses environnements sont extrêmement travaillés. Il a carrément créé une planète dans laquelle on est immergé mais aussi dans laquelle on peut se promener ! Quand je l’ai lu ado, ça m’a vraiment parlé donc je pense qu’inconsciemment, je cherche aussi à écrire ce que j’ai aimé et donc à mettre un peu de son univers dans le mien.

Est-ce que des références comme Divergente, Le Labyrinthe ou Hunger Games vous parlent aussi ?

Je connais Divergente, les autres seulement de noms. Ces oeuvres ne sont pas ce vers quoi je vais aller en lectures donc je ne pense pas qu’elles aient pu m’influencer. Mais pour Divergente, je comprends la comparaison. Mes personnages sont différents des autres et ont des capacités que les autres n’ont pas. Maintenant, je n’ai pas eu cette référence en tête en écrivant.

Il y a trois héros dans votre récit (Aidan, Shawn et Morgane) qui ont pour point commun d’être très attentionnés. Quel personnage vous ressemble le plus ?

Aucun et en même temps, il me ressemble un peu tous. Je suis très empathique et j’ai beaucoup de sensibilité comme Aidan. Je m’intéresse beaucoup aux émotions et j’en prends plein la figure, comme tous ceux que ça intéresse. Je suis aussi un peu comme Morgane qui agit uniquement en écoutant son coeur même si c’est dangereux et comme Shawn qui essaie souvent de calmer les choses et d’avoir confiance en l’avenir, peut-être à tort…

Et forcément, on trouve une histoire d’amour dans votre récit. Selon vous, est-ce un élément essentiel à un récit fantastique ?

Non, je suis juste très fleur bleue ! Et j’ai quand même publié pas mal en romance avant de publier en fantasy donc forcément, j’en garde des traces. Après, une touche romantique, douce et sensible ne fait jamais de mal à un récit ! Cette histoire d’amour donne aussi de la force à l’intrigue et aux enjeux.

Dans votre histoire, certains êtres sont doués de magie. Quel serait votre pouvoir magique à vous ?

Je ne sais pas. Il y a tellement de pouvoirs qui sont géniaux ! Lire dans les pensées serait pas mal je pense. C’est le premier qui me vient en tête mais pas sûre que ce soit le meilleur choix… Sinon, parler aux animaux, j’aimerais bien aussi. Ce pouvoir nous aiderait sans doute à nous rendre compte que les animaux ressentent aussi des émotions.

Par Anaïs Delatour.