Le Trille du Diable : Un roman historique qui transporte son lecteur à travers l’Égypte, l’Allemagne et bien au-delà…

Le Trille du Diable : Un roman historique qui transporte son lecteur à travers l’Égypte, l’Allemagne et bien au-delà…

12 juin 2023 0 Par Solène W.

Dans les récentes nouveautés de cette année, un ouvrage historique se démarque par son intrigue originale et son exploration des dates tumultueuses qui ont façonné deux pays : l’Égypte et l’Allemagne. Publié chez l’Harmattan dans la collection Impliqués éditeur en 2023, Le Trille du Diable est le titre de l’œuvre de l’auteur à la plume fine et précise comme une lame de rasoir : Nabil Malek. Construit en plusieurs parties distinctes, ce roman plonge son lecteur ou sa lectrice dans les profondeurs de l’Histoire en faisant voyager à travers des événements factuels incroyables et le sujet délicat de l’espionnage.

Une connaissance fine de l’Histoire pour écrire sur la guerre

La première partie du livre se consacre à l’Égypte, en 1967, pendant la guerre des Six Jours. Le narrateur, profondément marqué par sa foi, se retrouve face à une crise de confiance envers Dieu lui-même. Dévasté et en proie au doute, il pense que le pays a été abandonné et livré aux mains du Diable lui-même, d’où le titre évocateur et même provocateur de ce roman.

Sous la gouvernance d’Abdel Nasser, un président considéré par certains comme un instrument du Diable, l’Égypte lutte pour survivre. Nabil Malek explore avec une maîtrise totale de son sujet des thématiques sensibles telles que la purge de l’armée et l’expulsion des Palestiniens, ce qui permet de mieux comprendre certains enjeux politiques.

Propagande et surveillance : l’espionnage dans toute sa noirceur

Plus tard, le roman décrit la situation en Allemagne, plus précisément en République démocratique allemande, à l’époque où le fameux Mur séparait le pays en deux. Le narrateur, désormais un agent secret israélien infiltré, découvre le fonctionnement bien ficelé de la Stasi et les rouages du régime communiste. Nabil Malek offre à son lectorat une plongée saisissante dans l’organisation de la Stasi, avec ses représentants redoutables comme Markus Wolf et Erich Mielke. L’écrivain aborde également les relations complexes entre les personnages très crédibles, les jeux de pouvoir et les luttes internes au sein de ce système oppressif et terrifiant.

Dans cette partie du livre, l’auteur n’hésite pas à dénoncer et évoquer des sujets tels que la propagande, la surveillance étroite et les méthodes de la Stasi, y compris la séduction comme moyen d’obtenir des informations… Son protagoniste se trouve confronté à des dilemmes moraux et psychologiques alors qu’il remet en question ses propres convictions et se rend compte de l’absurdité de ces conflits, de cette guerre. La tension monte à mesure que de lourds secrets se révèlent et que des meurtres mystérieux viennent compliquer encore davantage l’intrigue…

Des péripéties qui transforment le texte en polar

Nabil Malek explore les conséquences de la réunification allemande et ses répercussions sur les personnages, de facto le peuple. Le récit se déroule majoritairement dans les années 80, tandis que l’Égypte est en proie à des difficultés internes et tente de se rapprocher des États-Unis.

Mais dans ce conflit qui englobe tant de pays et de gens, de cultures différentes, l’oppression demeure l’ennemi à abattre.

Les livres d’Histoire ont tendance à déshumaniser celles et ceux qui ont été les premières victimes de la bataille. En réalité, derrière ces chiffres impressionnants de morts, ce sont de vrais individus et des familles entières qui ont été décimées. Le Trille du Diable de Nabil Malek forme une belle piqûre de rappel, surtout en cette période sombre. La guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie n’est qu’une autre démonstration de plus de l’ignominie de ces conflits armés.

L’un des aspects remarquables, qui forgent ce roman est sa volonté d’explorer le côté psychologique et la santé mentale des militaires, remettant en question leur équilibre psychique — ce qui est très rare dans un livre de ce genre. Selon Tantawy, la guerre a été perdue en raison du manque d’espions. Comme s’il était dans le déni total de la réalité. Il en va de même des survivants, de ceux qui se font capturer, relâcher, soumis à la torture. Dans ce texte rien n’est lissé, il n’existe pas de « héros parfait » dans cette tourmente. Ne vous attendez pas à une lecture divertissante et détendue… En revanche, si vous souhaitez approcher ce qu’est la guerre dans toute son horreur et les moyens plus que discutables pour chercher à la remporter, vous devez vous procurer cet ouvrage.

Nabil Malek signe ici un roman réussi et intéressant, qui possède de grandes qualités. Parmi elles, la capacité de capter l’attention dès les premières pages — mais aussi et surtout d’apprendre à son lecteur ou lectrices les rouages de l’espionnage et ses nombreuses failles.