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Jean Dessoly propose la première encyclopédie exhaustive sur l’univers des sous-marins - Slash magazine
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Jean Dessoly propose la première encyclopédie exhaustive sur l’univers des sous-marins

Jusqu’à présent il n’existait aucun ouvrage qui traitait exclusivement de l’histoire et des caractéristiques des bateaux sous-marins dans leur intégralité. Grâce à la patience d’une trentaine d’années de recherches monumentales de l’auteur Jean Dessoly, les passionnés et curieux vont enfin pouvoir conforter ou enrichir leurs connaissances sur cette technologie aquatique révolutionnaire. Une encyclopédie en deux tomes  : L’encyclopédie mondiale des bateaux sous-marins.

Depuis des siècles de nombreux inventeurs et scientifiques réfléchissaient à comment découvrir les mystères du monde subaquatiqueet en tirer parti pour s’y déplacer à la manière des poissons. Dans la seconde partie du XIXème siècle, Jules Verne intègre dans l’imaginaire collectif occidental le fantasme de découvrir la magie des abysses et ses créatures chimériquesà travers son ouvrageVingt Mille Lieues sous les mers. Les sous-marinsdeviennent une réalité redoutable lors de la Première Guerre mondiale en raison de l’engagement massif de sous-marins de combat, qui amène les États-Unis à rentrer en guerre contre la Triple Alliance en 1917. Durant la Seconde Guerre mondiale, puis la guerre froide, les prouesses techniques ont transformé ce qui était auparavant désigné comme submersible en véritable arme de guerre, notamment avec l’arrivée du nucléaire dans le domaine. Aujourd’hui, ces engins deviennent toujours plus performants.Le Titan, petit sous-marin touristique téléguidé d’Ocean Gate, destiné à observer les vestiges du Titanic, a néanmoins fait la Une de la presse internationale il y a peu en raison de la perte de son contrôle à distance par son pilote, puis de son implosion alors qu’il transportait cinq personnes à son bord. Les fonds marins fascinent toujours autant qu’ils effraient.

Nous nous sommes entretenus avec Jean Dessoly afin de comprendre sa passion pour ces fleurons de l’ingénierie aquatique et le travail titanesque qu’il a réalisé pour l’écriture de son ouvrage.

Qu’est-ce qui vous a amené à écrire cette encyclopédie ?

C’est une passion que je cultive depuis tout jeune. Enfant, j’ai commencé à cumuler de la documentation, des coupures de presse, et tout ce qui me permettait de découvrir le sujet.J’ai un petit peu fait comme tous les passionnés et, petit à petit, je me suis aperçu qu’il manquait un ouvrage général sur l’ensemble des reproductions mondiales de sous-marins. Actuellement,leslivresdisponiblesétaient assez limités et pas très exhaustifs.J’ai souhaité dresser un panorama complet du matériel qui a été construit des origines à nos jours.

Une encyclopédie sur l’aviation,plutôt complète,existait déjà et je trouvais dommage que pour les sous-marins, technologie qui sort un peu du cadre des bateaux ordinaires et du matériel militaire traditionnel, il n’y ait pas un répertoire général, une vue d’ensemble du sujet. C’est pour cela que petit à petit j’ai compilé ma documentation et continué mes recherches pour constituer cette encyclopédie.

Qu’est-ce qui vous fascine autant dans les bateaux sous-marins ?

C’est peut-être le fait qu’avec l’avion c’est le seul appareil qui se déplace en trois dimensions, l’un dans l’air, l’autre dans l’eau. Puis, c’est un peu la spécificité dans la Marine de ce type de bâtiments. Certains se passionnent pour tous les bateaux, moi je me suis concentré uniquement sur ce type de bâtiments.

Combien de temps cela vous a-t-il pris ?

Cela fait au moins trente ans que je suis dessus. On a sorti le premier tome en 2014. Avec la documentation, recoupage, remontage informatique, etc.,c’est un gros travail qui m’a pris plusieurs années. J’ai réaliséde nombreuses recherches sur des sites internet étrangers.Heureusement,avec les outils de traduction en ligneactuelscela m’a permis d’aller consulter des sites russes par exemple. Depuis la fin de la guerre froide, il y a pas mal d’informations qui ont été déclassifiées ce qui permet notamment d’avoir des catalogues de bâtiments des années 1980-1990 qui sont très complets.

L’encyclopédie va cependant être reconfigurée. Elle comptait trois volumes et nous allons la condenserendeux volumes. Cette décision a été réfléchie puisque j’ai signalé à mon éditeur, dès le départ, que le prix était trop élevé pour les intéressés. La première édition de l’encyclopédie traitait de toute la navigation sous-marine avec l’histoire des scaphandres, la plongée, les bâtiments scientifiques, la vie à bord des sous-marins, des glossaires, etc. J’ai réalisé un gros nettoyage pour rester uniquement sur l’historique et les bâtiments militaires. Là, on est en train d’étudier la question pour sortir deux volumes aux alentours de 70 à 80 euros à la vente. La charpente de l’encyclopédie originale reste la même etces deux volumes compteront environ 700 pages.

Quelles ont été vos sources d’information principales lors de la rédaction de cette encyclopédie ?

Mis à part la presse et les sites internet étrangers, j’ai aussi utilisé des ouvrages historiques avec notamment des livres très anciens qui datent de la fin du XIXème siècle par exemple. J’ai également recompilé par ordinateur toutes les notes que j’avais prises à l’époque. Une équipe m’a épaulé pour le montage, la mise en page et les photos mais la charpente c’est moi qui l’ai réalisée. J’ai fait toutes les recherches que j’aiintégralement classifiées et j’ai tout monté moi-même.

Y a-t-il des éléments spécifiques que vous avez découverts pendant vos recherches et qui vous ont surpris ?

Oui, les sous-marins volants par exemple.Il y avait un projet russe qui était très viable auquel ils n’ont cependant pas donné suite. J’ai découvert des bâtiments largement ignoréshistoriquement et qui sortent un peu du commun.

Quels sont certains des bateaux sous-marins historiques les plus fascinants que vous avez abordés dans votre travail ?

Il y a des croiseurs sous-marins, des bâtiments comme Surcouf armés de canons. Durantl’entre-deux-guerres on a voulu construire des croiseurs sous-marins avec beaucoup d’artillerie mais le principe n’a pas marché. Chez les Russes, pendant la guerre froide, il y a beaucoup de bâtiments qui sont assez curieux au niveau de leur forme et de la manière dont ils sont équipés de missiles.Cela fait partie des points intéressants qui se distinguent des habituels sous-marins.

Comment se divisent vos trois volumes et comment sont-ils composés ?

Ils sont organisés par période.Il y a l’historique de la navigation sous-marine, après, la Première Guerre mondiale, l’entre-deux-guerres, la Seconde Guerre mondiale, puis la partie moderne post guerre froide.C’est classifié par pays, par type de bâtiments avec des schémas, des plans, des fiches techniques et plus de 2000 photos que nous avons retrouvé dans les articles sur laMarine. Ça fait gros catalogue mais l’avantage est que je traite de l’ensemble des bâtiments alors que les livres qui existaient déjà sur l’histoire des sous-marins se centraient seulement sur quelques modèles, les plus marquants. C’est comme si vous preniez un catalogue chez Renault dans lequel il n’y a que les voitures modernes ou qui se vendent le plus alors que là c’est pratiquement de la première voiture à la dernière. J’ai souhaité être exhaustif parce qu’il n’y a pas d’ouvrages équivalent dans le monde.

Pouvez-vous synthétiser brièvement l’histoire mondiale des bateaux sous-marins pour nos lecteurs ?

On peut partir des sous-marins de la guerre de Sécession, mais le sujet est trop vaste pour pouvoir synthétiser rapidement. Globalement, il y a eu quelques innovations pendant la Première Guerre mondiale mais c’est surtout la Marine allemande qui a beaucoup innové pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre froide, on a commencé à intégrer la propulsion nucléaire, ce qui a permis de modifier la forme des bâtiments.Maintenant, ils se déplacent plus vite sous l’eau qu’en surface.Avant ça ne s’appelait pas des sous-marins mais des submersibles. C’étaient des bâtiments qui naviguaient en surface et qui plongeaient pour attaquer leur cible. Depuis la fin de la SecondeGuerre mondiale on a affaire à des sous-marins qui plongent lorsqu’ils sortent du port et qui ne refont plus surface de 30 à 80 jours selon le type de missions.

À la fin des années 1960 on est passé au transport de dissuasion avec les fusées Polaris.Là aussi il y a eu une concurrence féroce entre les Russes et les Américains. Les Russes devaient faire surface pour tirer leurs missiles, aujourd’hui ce système se voit très vulnérable en raison de la surveillance parsatellites. Maintenant, on arrive au dernier concept qui est le sous-marin multi-missions qui transporte des plongeurs pour des attaques commandos.Ces engins peuvent utiliser les tubes lance-torpilles pour lancer des missiles parfois antiaériens. Le sous-marin s’est développé d’une façon très large mais la constante principale reste le silence.

La première arme du sous-marin c’est sa discrétion.Tous les bâtiments jusqu’à présent, surtout les Russes, étaient bruyants. Avec la signature acoustique, enregistrée sur des banques de données secrètes, on arrive à savoir de quel type de bâtiment il s’agit. On peut identifier un sous-marin par son bruit, donc aujourd’hui l’objectif est d’être le plus discret possible. C’est pour cela que dans les sous-marins stratégiques il n’y a que le commandant qui sait où il va naviguer.Une fois qu’il a plongé il ne communique plus, il ne fait que recevoir des ordres.

Quelle est votre vision de l’avenir des bateaux sous-marins et comment pensez-vous qu’ils évolueront?

Le tourisme sous-marin n’a pas très bien marché.C’est Jacques Piccard qui a lancé cela dans les années 1960 avec son fils sur le lac Léman. Il y a quelques bâtiments qui sont créés pour amener des touristes sous l’eau mais ce n’est pas particulièrement prisé. Désormais, il y a des sous-marins qui peuvent naviguer par petit fond. Aujourd’hui, avec le pilotage informatique on arrive à déplacer le bâtiment de manière extrêmement précise. Sur le Suffren, les derniers sous-marins français, vous n’avez plus le safran horizontal et vertical.Il y a ce qu’on appelle une croix de saintAndré, chaque nouveau gouvernail est à 45° et il est piloté par l’ordinateur.Cela veut dire qu’on arrive à faire déplacer le bateau avec une extrême précision. Le niveau absolu de nos jours est d’avoir un bâtiment qui peut transporter des nageurs de combat, qui peut faire beaucoup de missions et surtout qui soit extrêmement furtif.

Quant à l’intelligence artificielle (IA), vous l’avez déjà dans les traitements algorithmiques des signaux sonars. En fonction des signatures acoustiques que l’on distingue, l’IA peut classifier un bâtiment en fonction de sa date, de sa taille, de sa vitesse, … Là-dessus il y a eu énormément de progrès, notamment dans le guidage de torpilles.

Comme pour l’aviation ou l’automobile, ce serait cependant utopique d’imaginer que l’IA pilote seule un sous-marin.Il faudra toujours qu’un humain puisse prendre une initiative. L’IA analyse en fonction de son environnement mais les prises d’initiatives doivent rester humaines.

Au regard des enjeux de la protection de l’écosystème et de la biodiversité sous-marine, ces engins ne sont-ils pas voués à disparaître ?

Non, le rayonnement d’un sous-marin à propulsion nucléaire est très faible. C’est zéro pollution le sous-marin puisqu’il fabrique son oxygène, les déchets sont éliminés par système de compactage et de lestage qui les envoie dans les fonds. Un sous-marin ce n’est pas du tout polluant contrairement aux navires de croisière actuels. Le sous-marin navigue par sonar passif, c’est-à-dire qu’il écoute les bruits et en fonction de cela il se dirige. Si vous actionnez ce qu’on appelle le sonar actif, qui est un système d’impulsion qui est envoyé sous l’eau à une certaine distance et qui revient, là, en effet, s’il y a un troupeau de baleines ou de cachalots, cela peut les déranger et les gêner un petit peu. Mais en général le sonar actif n’est utilisé que pour des périodes de combat et ce sont les torpilles qui l’utilisent parce le bâtiment est repérés’il émet un bruit. C’est pour cela qu’aujourd’hui dans les attaques entre sous-marins, les armes qui utilisent les sonars actifs sont les fameuses « ping-ping-ping-ping » qui sont des torpilles d’attaques.

À quel lectorat se destine votre ouvrage ?

À tout public, c’est un ouvrage pour les gens qui sont passionnés et qui s’intéressent à l’histoire des sous-marins. Il n’est pas réservé aux professionnels. De 7 à 77 ans comme on dit [rires]. Auparavant, je faisais beaucoup de fascicules sur l’aviation, sur la civilisation, sur le cinéma.Maintenant avec internet tout ce qui est papier devient un petit peu obsolète. J’ai voulu quand même garder le plaisir du livre. En plus, deux volumes c’est déjà plus léger, plus accessible au niveau du prix et on s’est concentré sur l’essentiel : les bâtiments sous-marins et non la plongée qui est un autre domaine.

Michel-Angelo

Solène W.

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